Intercontinental Hôtel-Dieu, Marseille
Marseille possède un riche patrimoine architectural dont l’Hôtel-Dieu, laissé à l’abandon depuis 2006, est pourtant une des pièces majeures. Inscrite dans un projet d’urbanisme de réouverture du site à la ville, sa transformation en hôtel 5* a nécessité une étude historique approfondie. Tangram, associé à Anthony Béchu, mandataire, est intervenu à plusieurs titres : architecte, architecte d’intérieur, paysagiste. La force du projet a été de faire basculer l’édifice du XVIème siècle dans le XXIème siècle tout en le respectant : conserver, restaurer et valoriser tous les espaces de ce bâtiment classé et fragile pour en faire le plus majestueux des hôtels de luxe de la ville. L’Hôtel Dieu à Marseille est un bâtiment historique : un ancien hôpital, à côté de la Mairie, face au Vieux-Port. Depuis sa fondation, au XIIème siècle, un ruban de jardins ceignait l’hôpital. Ces jardins avaient deux fonctions vitales : premièrement, ils étaient destinés à créer une barrière physique entre le monde des malades et le monde des bien-portant, avec, en second, l’ambition de purifier l’air délétère venant du monde des malades. Au printemps 2006, la Ville de Marseille a lancé une compétition entre cinq équipes, pour attribuer ce site exceptionnel. Le groupe Intercontinental a été désigné lauréat, pour reconvertir le monument en un hôtel de luxe, salles de convention, restaurants, spa ainsi qu’un ensemble résidentiel. Les jardins de l’Hôtel-Dieu ont été conçus pour mettre en valeur le beau bâtiment d’Hardouin-Mansart, pour le révéler. Une attention toute particulière a été portée aux perspectives, vers le port et Notre-Dame, ou vers le bâtiment, pour les cadrer, les ouvrir ou les mettre en valeur.
LA PISCINE
Lieu en retrait, protégé des regards et du soleil par la coursive extérieure, l’ambiance de la piscine se veut intimiste. L’évocation de l’identité Marseillaise se traduit par une relecture de l’image des bassins et lavoirs provençaux, éléments représentatifs de la culture de l’eau dans la région. La périphérie du bassin est ainsi travaillée par un jeu de pierres claires locales affirmant la minéralité, sobre et massive. La seconde notion développée fait référence à l’histoire de la ville et à la mise en scène de l’eau, à son cheminement. La paroi principale devient un mur d’eau, spectacle en perpétuel mouvement, alimentant le bassin. Enfin, troisième élément de composition, la lumière. Diffuse et indirecte, jouant à la fois sur des tonalités chaudes et froides. La nuit, les ambiances s’inversent et c’est depuis les joints creux du plafond que descend la lumière alors que les tentures s’assombrissent.
L’ESPACE CULTUREL
Écrin minéral, cet espace proche des fondations impose respect et simplicité. L’intention première est de retrouver les traces du bâti originel en les mettant en valeur par un jeu de doubles peaux, opaques, brillantes ou translucides devant la pierre remise à nu. Cette mise à distance de la matière brute des parois les valorise tels des éléments rares et précieux, «voir sans toucher». Ainsi, les voûtes se reflètent à travers la paroi de verre laqué noir, élément précieux de la composition. Les poteaux sont protégés d’une double peau en verre, lumineuse. La matière des murs est mise en valeur par une peau lisse et ponctuelle. La lumière émerge de l’arrière des parois, diffuse et blanche, elle illumine ce lieu qui ne connait pas la lumière naturelle. Elle vient d’ailleurs et réécrit l’espace, rencontre les œuvres. Pure, simple et efficace, elle accompagne la modularité de cet espace, se graduant en fonction des diverses ambiances.
LES CHAMBRES
Inspirée des teintes pierre, roches blanches calcaires et noires qui arborent les bâtiments emblématiques de Marseille, tels que la basilique Notre-Dame de la Garde ou la cathédrale La Major, l’atmosphère des chambres reflète ce contraste saisissant, cette lumière si particulière et spécifique à la ville. Les éléments composant la chambre s’articulent autour de ces notions de contraste noir/blanc, comme un fil conducteur, dans tous les choix de matériaux et de teintes, harmonieusement dessinés, privilégiant la sobriété, l’élégance et le confort. Pièce étonnante, la baignoire rétro en fonte, habillée de son paravent persienné s’ouvrant généreusement sur le coin nuit et sur le paysage urbain du Vieux-Port en fond de scène.