Groupe scolaire Simone Veil, Villeurbanne
Située à l’est de Lyon, la ZAC Villeurbanne La Soie s’intègre dans le projet global d’aménagement urbain Carré de Soie, déployé sur les villes de Villeurbanne et Vaulx-en-Velin.
Porté par le Grand Lyon et la ville de Villeurbanne, l’objectif de cette ZAC est de créer un nouveau quartier de ville comprenant logements, commerces, bureaux et équipements publics, au cœur des quartiers historiques, marqués par leur passé industriel.
La proposition architecturale de Tangram et Amelia Tavella Architectes pour le groupe scolaire Simone Veil s’inscrit dans la globalité du projet d’aménagement de l’espace du quartier ainsi que dans la démarche culturelle et artistique initiée par la Métropole de Lyon et la Ville de Villeurbanne.
L’implantation du groupe scolaire, face à l’espace public marque l’entrée de la ZAC côté ouest et permet également d’amorcer une transition vers le parc Jorge Semprun.
Le volume le plus haut, en R+4, fait face au Parvis des écoles. Il crée ainsi un effet d’appel, et de signal fort à l’échelle de la ZAC.
Les 2 ailes voient leurs hauteurs respectives réduire au fur et à mesure de l’éloignement du Parvis. Les gabarits contrastés des volumes s’adaptent au contexte urbain et permettent également d’exprimer le programme qu’elles abritent : les petits sont dans des volumes bas, alors que plus les enfants grandissent et plus les volumes sont hauts.
Tout en affirmant une continuité physique, volumétrique et architecturale des bâtiments, le travail de fragmentation des volumes de l’école dialogue avec la réminiscence du tissu parcellaire ancestral. Les interruptions et retraits de façades font place à des patios arborés et jardins suspendus, également présents dans le tissu ancien.
Le bâtiment s’ouvre sur l’extérieur tout en le maintenant à une certaine distance.
La force du projet réside dans sa façade, sa peau. Son rythme est triple, à la fois par la volumétrie fragmentée du bâti, par l’œuvre de l’artiste Pauline Guerrier composée à l’aide de saillies de briques plus ou moins inclinées et formant un graphisme arborescent original, et enfin, par le treillage de modules de terre cuite formant brise vue et brise soleil.
Le geste artistique n’est ni un ajout, ni un élément objectal, mais un processus structurant de l’architecture elle-même. Les saillies de briques, sous la forme de dessins arborescents (arborescences qui entreront en dialogue avec les espaces verts, les arbres, mais la terre elle-même constitutive des briques (minéral et végétal) rappellent les lignes d’une main et évoquent un parcours de croissance.
Cette intervention ludique, par son développement et la vivacité de son geste porte en elle la leçon propre à la personnalité publique de Simone Veil. Ainsi, le titre de l’œuvre, Rien ne s’efface, citation de Simone Veil au sujet de l’histoire et de la mémoire humaine, rappelle combien la permanence du bâtiment scolaire assure la transmission des savoirs et des modes de vie.
Enfin, cette arborescence donne à la paroi une vibration et en complexifie les jeux d’ombre et de lumière en fonction de l’orientation des façades, des heures de la journée, ou des saisons. La façade est à la fois poreuse et protectrice. Elle agit comme un filtre et confère au projet, et par là-même au quartier, une identité très forte.
Le choix de la brique comme matériau dominant renforce l’identité du projet en perpétuant l’histoire industrielle de son site.
La cour intérieure se développe en strates, chacune proposant un espace dédié à des types d’activités. Cette organisation développe un parcours éducatif et un univers ludique et sécurisé dont l’offre s’enrichit au fil de la scolarité.
Nous avons choisi des jeux qui permettent de développer la motricité, d’initier à l’écologie et de solliciter l’imaginaire. Tous les jeux sont en matériaux naturels : en bois et parfois munis de cordages. Pas de petits trains ou de grenouilles à ressort, notre volonté est de mettre en œuvre des jeux simples qui offrent une multitude de possibilités de jeux : des grands piquets de bois, des grandes échasses, des poutres, des mikados géants, des pas de bucherons, …, où l’on peut sauter, grimper, s’imaginer matelot, pirate, cavalier ou princesse…
Des terrains de sport et des pistes d’athlétisme sont introduites dans les cours du R+2 et du R+3. Dans les cours accessibles aux élèves du primaire, un soin particulier a été apporté pour ne pas genrer les espaces et permettre un accueil inclusif de tous les élèves : les terrains de foot ne prennent pas le pas sur les labyrinthes de billes ou sur les marelles ; les offres ludiques permettent de jouer ensemble et tous les enfants jouent côte à côte. De grands bancs sont ménagés contre les fosses et les bancs de plantation. Les arbres ne sont pas plantés dans des «pots de fleur» : le bac de plantation est un véritable mobilier, adapté au jeu et aux discussions entre copains.
Ces cours sont complétées par des jardins suspendus dont les plantations, aux évolutions diverses, se développent depuis la cour de plein pied jusqu’au ciel, donnant à la fonction scolaire toute sa dimension à sa fonction d’élévation.
Un soin particulier a été porté au choix des végétaux pour garantir leur innocuité : les végétaux ne sont ni toxiques, ni allergisants, ni irritants. La composition des plantations a également été déterminée afin de limiter la consommation en eau et en entretien : les végétaux ont été choisis pour leur rusticité, leur résistance à la sécheresse et leur adaptation au climat lyonnais. Un réseau d’arrosage sera mis en place pour irriguer les plantations les deux premières années afin de garantir le bon enracinement et donc la pérennité des plantations.
L’agencement intérieur est pensé en fonction de l’évolution et des codes de l’enfance.
Les enfants ne faisant qu’un avec leur environnement, l’enveloppe sensorielle que représente le bâtiment est aussi déterminante pour leur bien être que pour leur éveil. C’est dans cette optique que le projet a été imaginé : développer un lieu de vie protecteur stimulant la curiosité, où les « matériaux premiers » (terre cuite, bois, béton, liège), les teintes et la lumière induisent calme et sérénité.
Les recoins et cachettes intégrés à l’architecture intérieure, la mobilité des éléments, encouragent la motricité de l’enfant, avec une ambition créative.
Une harmonie sensible et subtile autour de toutes les perceptions tactiles, pour développer la dimension exploratrice et émotionnelle du contact, permettant à l’enfant de constituer sa bibliothèque de sensations.
La posture du corps aussi se fait multiple : les enfants peuvent se blottir dans des niches, s’allonger, se cacher dans les cabanes. L’ergonomie est réinterrogée de multiples façons, la découverte du corps, de l’équilibre sont sollicités par une exploration de l’espace sensuelle. Le concept renvoie à la famille, à la tribu, marquant l’esprit des enfants d’empreintes et de traces mémorielles comme autant de strates de construction personnelle.